We can do it!

Ce matin j’ai posté des stories sur Instagram pour partager mon ras le bol quant à ma recherche d’emploi.

Devant le nombre de réponses reçues, j’ai réellement pris conscience que la situation est plus que problématique pour la très grande majorité des femmes en France.

Retour sur les faits pour que vous compreniez bien!

Je suis actuellement en recherche d’emploi. Pour être plus précise, j’ai décidé de me mettre en freelance avant l’été mais comme je n’arrive pas à décrocher de missions pour le moment (Rome ne s’est pas faite en un jour), je passe également des entretiens pour des CDD. La seule chose que je ne veux pas aujourd’hui, c’est un CDI. Cela peut paraitre très étrange étant donné le contexte actuel mais j’aime le changement et je sais que la routine d’un contrat à durée indéterminé n’est pas faite pour moi.

D’un point de vue plus « personnel », j’ai 38 ans et 2 enfants de 6 et 9 ans. J’habite en banlieue depuis 1 an ce qui a eu le mérite d’améliorer la qualité de vie de ma famille mais augmente le temps de transport jusqu’à Paris. Mon conjoint qui a 40 ans travaille dans le 18ème arrondissement et met presqu’une heure pour aller au boulot. Nous ne nous plaignons pas, c’est un choix très réfléchi que nous avons fait en connaissance de cause.

Je n’ai plus de « bébés » et je ne souhaite pas avoir d’autres enfants. Je me suis donc dit il y a quelques temps que les années de galères professionnelles et de discriminations cachées étaient à priori derrière moi ou que tout au moins on me ficherait la paix lors des entretiens d’embauche (vous voyez ce que je veux dire, l’oeil du recruteur qui semble vous sonder pour savoir si vous n’allez pas être absente tous les 4 matins pour cause de gastro, grippe ou autre bonchiolite!).

Comme je vous le disais plus haut, j’ai le statut de freelance. Pour pouvoir être flexible et gérer mes missions au mieux, j’ai fait le choix de ne pas prendre de babysitter le soir pour récupérer mes enfants à l’école. Pourquoi? Pour avoir recruté de très nombreuses babysitter pour les sorties de crèche et d’école, je sais par expérience qu’il faut environ 15 jours pour trouver la bonne personne (le temps de faire passer des entretiens et de passer un peu de temps avec la personne à qui vous confiez la prunelle de vos yeux). Mais quand je ne travaille pas, c’est moi qui gère mes enfants. Bref, tout ça pour vous dire que ne pas avoir de babysitter quand je travaille et laisser mes enfants au centre de loisirs jusqu’à 18h30 me permet d’être plus réactive et d’être plus rapidement disponible pour une mission (quasiment du jour au lendemain!).

Mais (car il y a forcément un « mais »!) pour tenir cette organisation, j’ai besoin d’être à Colombes à 18h30 et donc de partir plus « tôt » que la plupart des employés. Ceci étant, je peux arriver tôt le matin pour bien évidemment faire le nombre d’heures légales indiquées sur mon contrat de travail (je suis maman mais pas à côté de mes pompes).

Sur le papier, cela a tout pour fonctionner relativement correctement mais tout ceci était sans compter la réalité du système français!!!!

Hier j’ai été contacté par un cabinet de recrutement pour une mission en CDD dans une grande entreprise. J’ai fait part de mon enthousiasme pour le poste tout en partageant mes « contraintes » horaires. L’entreprise étant basée pas très loin de chez moi, il fallait que je parte à 18h. Consciente que cela pouvait poser problème, j’ai expliqué que je pouvais arriver à partir de 8h30 le matin.

Et vous savez quoi? Je n’ai pas décroché l’entretien car le client a cru bon de préciser – je cite : « il y aura des horaires…après 18h ».

Tout est dit non? Si tu pars avant 18h c’est que tu ne bosses pas suffisamment. Oui mais si tu es arrivée à 8h30, quelle est la différence entre toi et un autre employé qui arrive à 9h30 et part à 19h? Et bien je n’en sais rien. Je crois que tout cela n’est qu’une sombre histoire de présentéisme à la con.

Etant donné les très très nombreux messages que j’ai reçu, je crois surtout que la France est en retard! Et si mon cas ne suffit pas à vous convaincre, voici quelques exemples des messages que j’ai pu recevoir :

« Présentéisme. Malheureusement ceux qui fonctionnent comme ça sont toujours mieux vus. C’est pour ça que j’ai quitté le monde du salariat »

« Tu passes toujours pour une feignante en manque de motivation dès que tu donnes « un peu trop » d’importance à ta vie perso. J’ai du arrêter de travailler à cause de ça »

« Je me suis fais remettre en place parce que je partais « tôt » une fois mon travail terminé alors que ma collègue restait beaucoup plus tard. Ce qu’ils ne savaient pas c’est qu’elle refait pour les apparences et surtout pour faire des trucs persos »

« On m’a virée pour ça. Je démotivais mes collègues à partir si tôt. Sauf que le matin j’étais toute seule et personnellement ça ne me démotivait pas du tout ». 

Et ce ne sont que quelques exemples. J’ai été littéralement submergée de messages de femmes qui ont vécu ou qui vivent cela tous les jours alors qu’on est en 2018 non de dieu.

Maintenant que tout cela est dit, la vraie question est :

COMMENT FAIRE EVOLUER LES MENTALITES?

COMMENT FAIRE CHANGER LES CHOSES? 

Si j’avais la solution miracle, cela se saurait et malheureusement je n’ai pas la réponse à ces questions. Dans les messages que j’ai reçu on m’a toujours parlé des hommes avec bienveillance. Ce ne sont pas eu les fautifs, nous le savons toutes. Et c’est bien parce qu’on ne sait pas qui est-sont vraiment le-s fautit-s qu’il est très difficile d’agir et de faire comme nombreux de nos voisins européens et de redonner une place à la vie de famille.

J’en appelle à vos commentaires. N’hésitez pas! Partagez vos expériences. Ca ne fera rien changer mais cela fait toujours du bien de se sentir moins seule.

J’ai choisi pour illustrer cet article de copier la si célèbre illustration « Wa can do it ». Pour la petite histoire, c’est une affiche de propagande américaine qui date de 1943. Elle a été réalisé pour une campagne de remotivation des salariés. Peu diffusée à cette époque, elle a été plus largement utilisée dans les années 80 pour promouvoir le féminisme.

Malheureusement, elle est encore tristement d’actualité aujourd’hui. Les femmes doivent se remonter les manches pour faire changer les choses. J’ai pourtant choisi de sourire sur cette photo plutôt que d’adopter le visage fermé et sévère de l’originale car j’ai envie de croire qu’avec le sourire, on parvient mieux à ses fins.

Allez les filles, on peut le faire, ensemble et bien sûr avec l’aide des hommes qui nous entourent.

Et n’oubliez pas de sourire.

60 Comments

  • MaAnna
    18 septembre 2018
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    Bonjour Paule! Ce dont tu parles, je l’ai beaucoup vécu à Paris. Les heures supp offertes à la boîte, faire du présentéisme inutile, tout ça… Et puis j’ai déménagé à Marseille et là, le choc ! Il existe une vie après le travail. Bien entendu en période de rush tout le monde est présent et restent plus tard. Mais sinon, la plupart des personnes en 35h finissent à 17h, mais genre VRAIMENT à 17h. J’avais l’impression d’avoir mon après-m’! Et personne ne trouve ça étrange. Du coup, je me demande si, au-delà de la question du milieu (je bossais dans la pro AV), il n’y a aussi une question de Paris/Province.

    • Isa87
      19 septembre 2018
      reply

      Je pense aussi qu’il y a une réelle différence entre Paris et la province.
      A Limoges, la plupart des salariés arrivent sur le lieu de travail entre 8h et 8h30 pour repartir entre 17h et 18h!
      Moins de temps de trajets qu’à Paris et sa banlieue, du coup, ça nous permet d’avoir une réelle vie de famille et même en étant cadre dans un groupe international!

  • Cha
    18 septembre 2018
    reply

    Je découvre ton blog et ton univers très chouette.
    Le sujet que tu évoques m’a préoccupée très fortement pendant mes dernières années professionnelles, puisque j’ai élevée mon garçon seule pendant pratiquement 10 ans. Et je n’avais pas prévu de mettre mon ambition en sourdine, d’autant que je m’étais tapée des études supérieures.
    Dans les faits, l’organisation est le maître mot, il est à mon sens impossible de faire sans relai. Une baby-sitter/les grands parents pour les coups durs te permettra d’être plus sereine.
    Et puis j’ai lu 2 commentaires qui m’ont bien plu, la bienveillance et la logique ne viendra pas des entreprises, si un employeur a le choix-et il l’a toujours-entre un candidat flexible et nous, il choisira ce qu’il connaît. Il faut donc te vendre, et renverser le rapport de force.
    Je me suis vue refuser une promotion dans le passé car l’employeur craignait de l’absentéisme de la mère célibataire que j’étais. J’ai pointé avec lui mes absences par rapport à celle de mes collègues… Je n’en avais quasi pas, car je me suis Tjs organisée. J’ai quitté la boîte après ce refus, prouvant que je pouvais gravir les échelons ailleurs, et la jeune qui a eu la promotion n’a pas fait l’affaire, elle a été remercié avant la fin de la période d’essai, et j’ai été rappelée… J’ai refusé l’offre et j’ai martelé que son raisonnement était pourri en espérant qu’il s’en souvienne.
    Je suis sûre qu’il y a des idées à creuser dans l’ e’treprenariat de mamans… Bon courage et chance à toi !

  • Pascale
    18 septembre 2018
    reply

    Âgée de 56 ans, j’ai quitté voici deux ans mon boulot pour suivre mon mari a Abu Dhabi. J’ai travaillé pendant 30 ans dans une grande entreprise toulousaine. J’étais assistante de direction. En début de carriere, seule avec un petit d’un an, je me suis donnée à fond. Le soir j’allais régulièrement chercher mon fils à l’école à 18h30 et l’emmenait avec moi au boulot jusqu’à 21h. Aucune gratitude. Puis j’ai connu mon mari et eu ma fille à 33 ans. J’ai passé mon BTS en candidat libre en cours du soir. Pas de prise en charge par l’entreprise, incompatible avec mon poste. On m’a reproché les maladies de la petite. Je suis passé à temps partiel à 80%. Et là incompréhension totale. Je manquais de disponibilité. Pourtant je faisais 40h en 4 jours au lieu des 35 en vigueur dans l’entreprise. Puis, les enfants grands, je suis repassé à temps complet, espérant obtenir une évolution de carrière. Mon directeur m’a dit : tu sais compliqué de faire oublier ton manque d’investissement, il va falloir faire tes preuves. Et pourtant j’étais toujours assistante de direction. Mon travail devait être satisfaisant. Nous avons été rachetés et c’est la petite jeune qui me secondait qui a obtenu le poste convoité. Dur, dur ! Et on m’a dit mais li faut que tu l’aide à mi-temps. Elle ne saura pas faire et puis il se peut qu’elle fasse des enfants. Je suis partie dans une filiale, et peu de temps après je suis venue à Abu Dhabi. Toutes ces situations sont honteuses. Ma vie pro est derrière moi, pas pour vous. Courage, cela finira bien par changer !

  • Diane
    18 septembre 2018
    reply

    Salut Paule!
    Je trouve génial ce que tu fais. Gon blog ton activité insta et ta capacité à passer du temps avec tes enfants et faire des sorties. J’avoue que en ce moment ce n’est pas evident pour moi… ma boite m’a proposé une rupture conventionnelle… j’ai accepté pour diverses raisons… Je finis fin novembre car j’ai demandé a finir la saison et je ne voulais pas laisser ma collaboratrice goute seule. Des fois je me dis que je suis trop conne de faire tout ca et d’autres fois je suis contente de le faire. Depuis que j’ai ma fille je dois partir a 17h20 pour n’arriver chez moi qu’a 19h… je trouve mes journées chargees mais surtout je n’ai pas l’impression de profiter a fond de ma fille… Actuellement, je me commence les recherches d’emplois, suis une formation en anglais et excel afin de mettre toutes les chances de mon coté…. meme si je suis dans un domaine qui recrute, la logistique, je crains que mes contraintes horaires ne posent problème pour trouver un job intéressant pres de chez moi…. J’avais pensé me lancer, creer ma boite mais je n’ai pas le courage (ou les c…)
    Bref tout ca pour dire que le salariat n’est pas fait pour les parents!
    Je te souhaite bon courage dans tes recherches
    Désolée je crois que j’ai raconté ma life…

  • Anne
    18 septembre 2018
    reply

    Dans mon entreprise, chacun à ses horaires de début et fin de journée qui varient en fonction de ses besoins. Mes collègues arrivent petit à petit entre 8 heures et 9 heures, et repartent à partir de 17h30… on arrive ainsi à respecter les contraintes horaires des crèches, garderies, nounous…
    Au final, tout le monde y trouve son compte! Nous ne sommes pas stressés, nous avons conscience de notre chance et travaillons efficacement!
    Marre du présentéisme!
    Dois-je préciser que mon patron est une femme, mère de famille?
    Si seulement les chefs d’entreprise pouvaient avoir plus de souplesse!!!…

    Bon courage!

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