Merci de garder votre enfant!

A Mon fils a 3 ans et demi. En Septembre dernier, il entrait à l’école.

Si l’école Maternelle s’est déroulée sans difficultés pour sa grande soeur, je ne pensais pas que cela serait aussi perturbant pour lui.

Tout d’abord, il a mis beaucoup de temps à réaliser (et accepter) que la crèche était belle et bien finie. On oublie finalement que c’est un peu comme pour un adulte qui quitterait une entreprise pour en découvrir une nouvelle. On a pris ses marques, on connait tout le monde, on se sent bien et puis soudain il faut tout recommencer à zéro.

Trois autres enfants de sa crèche sont sectorisés dans la même école que Lucien. Ils ont malheureusement tous les trois étaient mis en classe 2…et mon Lucien s’est retrouvé seul en classe 1. Je comprends tout à fait que les directeurs et enseignants ne puissent pas faire du cas par cas mais tout de même, pour des enfants de petite section, est-ce qu’il ne serait pas bien d’essayer de prendre en compte leur provenance et les dispatcher dans les classes de façon plus égale afin de faciliter leur entrée à l’école?

Jusqu’aux vacances de la Toussaint, les matins ont été difficiles. Lucien ne voulait pas aller à l’école. Il a bien sûr fini par se faire des copains et la situation s’est bien améliorée. Mais je ne peux pas m’empêcher de me demander si les choses n’aurait pas été plus simple s’il avait eu un copain de crèche à ses côtés.

A côté de cela, la maîtresse de Lucien ne travaille pas à temps plein. En effet, un mercredi sur deux et tous les vendredis, c’est une autre maîtresse. Je respecte le fait de ne pas être à temps plein. C’est un choix tout à fait respectable. Mais je me pose une autre question : est-ce vraiment adapté pour des enfants de petite section? Lucien ne sait jamais quelle maîtresse il va trouver le matin puisque bien entendu il est complètement perdu dans les jours de la semaine. Bien sûr les parents ont un rôle important à jouer mais finalement les mercredis je suis comme lui, je ne me rappelle jamais qui était là la semaine précédente.

Rajoutons par-dessus la f…… réforme des rythmes scolaires, en place depuis la rentrée 2013 à Paris. Vous l’aurez compris je ne suis pas pour. Non pas que je ne trouve pas cela bien de faire des choses différentes dans le cadre de l’école. Je trouve juste que ce n’est pas adapté à l’école maternelle. A l’école élémentaire les ateliers proposés sont diversifiés mais à la maternelle c’est une autre paire de manche. Les enfants font du coloriage et du collage. Quel est vraiment l’intérêt de changer « d’intervenant » pour faire la même chose?

Cela donne donc des semaines vraiment bordéliques : pas la même maîtresse certains mercredis et les vendredis, les lundis et jeudis école jusqu’à 16h30, les mardis et vendredis, école jusqu’à 15h puis activités extra-scolaires, les mercredis matin école et l’après-midi le centre de loisirs…vous vous y retrouvez vous?

J’ai beaucoup d’interrogations mais pas beaucoup de réponses. Et le plus frustrant c’est que je ne sais pas vraiment à qui les poser.

Si j’ai décidé de « vider mon sac » aujourd’hui ici c’est parce qu’un sentiment d’impuissance immense me pèse encore plus depuis quelques jours.

La cause? Un nouveau mouvement de grève.

Retour sur le pourquoi du comment.

La semaine dernière, nous apprenions par la maîtresse de mon fils qu’elle serait en grève quelques jours plus tard. Mais elle nous rassurait rapidement en nous disant qu’elle serait remplacée. La veille, j’apprends vers 22h par une de mes amies impliquée dans la vie de l’école qu’aucune maîtresse gréviste ne sera remplacée le jour J pour cause de manque d’effectifs dans les brigades de remplacement. Bien bien bien! Et il est donc demandé aux parents de prendre leurs dispositions et d’essayer de garder leurs enfants dans la mesure du possible.

22h pour le lendemain matin, comment vous dire? Impossible.

Le lendemain matin nous emmenons donc Lucien à l’école et attendons dans le préau de savoir combien d’enfants seront présents et comment ils seront gardés. Nous constatons rapidement que peu d’enfants sont présents. Passé le sentiment de bonne nouvelle (au moins ce sera plus simple à gérer pour le personnel présent), je culpabilise un bon coup. Je me demande comment font les autres parents. Moi je ne peux pas garder Lucien. Je l’avais gardé quelques jours avant parce qu’il était malade et je ne peux pas le garder toutes les semaines. En plus je suis dans ma boîte depuis moins de 3 mois et en CDD donc je ne suis pas vraiment en mesure d’imposer mes contraintes de mère de famille.  Mon conjoint a également fait sa part de garde et souhaite garder les quelques jours qui lui restent pour garder les enfants pendant les vacances scolaires. Oui car si en entreprise les parents peuvent avoir des jours « enfant malade », il n’y a rien de prévu pour pallier aux grèves.

Allez, on reste positif, après tout un jour ça passe vite.

Le lendemain, on nous apprend que ce sont les dames de services qui font grève. Aucune autre information. On nous demande encore de récupérer nos enfants pour le déjeuner ou après la classe (à 15h donc puisque ce jour-là, il y a les activités extra-scolaires) dans la mesure du possible. Mission impossible, épisode II.

Haut les coeurs, le week-end a fini par arriver. Plus qu’une semaine d’école à enquiller et les enfants seront enfin en vacances. Tenez-bon les petits choux!

Et ce matin, je vous le donne en mille, nous apprenons qu’un nouveau mouvement de grève est prévu jeudi. On demande à la maîtresse quelle en est la raison et elle nous répond par-dessus l’épaule que c’est pour la revalorisation des salaires. Ah et puis elle sera absente mardi aussi. Hein? Mais pourquoi?

En colère, je demande à m’entretenir avec la directrice. Pas du tout pour m’énerver mais bien pour comprendre ce qu’il se passe. Je lui explique que j’ai besoin de comprendre pourquoi il y a la grève. Parce que ça me bouffe de l’intérieur de savoir mon fils trimballé de classe en classe. Elle me répond qu’elle n’en sait rien. N’étant pas syndiquée, elle n’a pas d’information. Gloups! Ok, je reste calme. Et mardi alors, il y a quoi? La fille de la maîtresse est malade. Huuuum et alors pourquoi est-elle là aujourd’hui? Apparemment elle a réussi à se débrouiller pour aujourd’hui mais n’a pas de solution pour demain.

Je suis maman aussi, je comprends MILLE fois que l’on garde son enfant quand il est malade. Mais quand on travaille, est-ce qu’on ne sert pas les fesses toute la journée en espérant qu’il aille mieux le lendemain, quitte à prendre de nouvelles dispositions le soir venu?

Je tiens à préciser que je suis pour le droit de grève et que je respecte énormément le corps enseignant. Ce qui me rend dingue, c’est le manque de transparence. On nous demande de garder nos enfants mais est-ce que ça ne serait pas plus intéressant de nous expliquer la situation et de ne former qu’un seul corps pour le bien-être de nos gosses? Pourquoi nous laisse-t’on autant dans le flou? Nos enfants trinquent et est-ce qu’à 3 ans et demi ont peu attendre d’un enfant qu’il soit aussi adaptable?

J’aurais tendance à penser que non mais je le redis, je suis ouverte à la discussion.

Il y a des maîtresses dans mon entourage et je sais très bien que cette profession est loin d’être facile à exercer. Une maîtresse ou un maître qui termine à 16h30 est bien loin d’avoir terminé sa journée. Mais pourquoi y’a t-il un aussi grand fossé entre le corps enseignant et les parents? Comment est-ce possible que la directrice d’une école ne sache pas pourquoi 3 maîtresses sur 7 au total suivent tous les mouvements de grèves? Comme le rectorat peut ne pas remplacer ces gens (et je précise que c’est la même chose quand il y a des personnes malades)?

Comment est-il possible que l’école publique parte autant en cacahuète? La situation me fait mal au coeur. Et j’avoue remettre en question mon choix et celui de mon conjoint d’avoir mis nos enfants dans une école publique.

Je termine juste ce billet en m’excusant par avance si mes propos vous choquent. Je n’ai pas l’habitude d’écrire ici de telles choses. Mais ce matin, je suis partie de l’école avec une telle boule au ventre que j’ai ressenti le besoin de mettre les choses au clair dans mon esprit en les couchant par écrit.

N’hésitez pas à me donner votre avis sur la situation ou à répondre à mes questions si vous avez des réponses.

Merci à vous. Belle journée.

81 Comments

  • La feecarabosse33
    21 février 2016
    reply

    Bonjour je suis heureuse de constater qu enfin les parents se révoltent contre cette fameuse réforme… Nous n’avons fait que prévenir et râler…mais les parents ne nous on pas écouté.. Je suis moi même maîtresse en maternelle dans le public et fière de l’être… Le problème n’est pas là… Oui la réforme est une véritable bêtise qui entraîne une organisation de folie dans les écoles et qui accentue les différences et donc l’inégalité des chances..En effet les communes aisées sont en mesure de proposer des activités dignes de ce nom puisqu’elles en ont les moyens mais la plupart des petites communes ne peuvent pas assurer… Finances obliges.. Or,lorsque la réforme a été annoncée personne ne s’est révolté… Faute d’information de compréhension car il faut l’admettre les parents n’ont pas compris ce que tout cela allait entraîner… Or dans la commune où j’exerce moi même et mes collègues n’avons cessé de mettre en garde et expliquer.. En prenant le risque de se faire passer une fois de plus pour des faineantes… Oui elles ne veulent pas travailler un jour de plus….or nous avancions tout cela en argumentant… Plus d’inégalités moins de repères pour les enfants plus de fatigue… Et tout cela sans faire grève.. Et oui ça existe encore des enseignants qui ne font jamais grève car ils ne croient pas en ce mode d’action et qu’ils en ont marre de prendre parents et enfants en otages… Or là je dis non… L’école publique est un service public c’était donc aux parents de râler et de manifester pour se faire entendre afin que le pouvoir en place ne la mette pas en oeuvre… Mais j’avoue là aussi un manque d’information… Bref tout le monde paye les pots cassés maintenant et j’en suis bien triste car je crois en mon métier et suis fière de défendre les valeurs de la République que défend l’école publique !!! Fuir vers le privé n’est pas une solution nous observons même des familles qui reviennent vers la public après avoir fait un tour dans le privé.. C’est aux parents de manifester et de faire entendre au pouvoir ce qu’ils souhaitent pour leurs enfants.. Je le redis c’est un service public il faut donc être exigeant!!!

      • La feecarabosse33
        21 février 2016
        reply

        Je suis contente que certains réfléchissent enfin à une solution.. Concrètement… C’est pas si simple.. Il faut s’organiser.. En même temps je pense que si tous les parents de France et de Navarre sortent manifester le week-end accompagnés des enseignants qui le souhaitent pourrait sacrément faire bouger les choses.. Pour une fois ce ne sont pas les fonctionnaires qui manifestent mais les utilisateurs du service… Bref je pense sincèrement que là le pouvoir en place peut réellement commencer à se faire du soucis.. Ce serait inédit !!!

  • Delphine
    21 février 2016
    reply

    Bonjour,
    J’enseigne dans une école française en Bolivie, en primaire. A l’étranger, il faut payer les écoles françaises. Ici, c’est environ 350 euros par mois, par enfant. Dans un pays du tiers monde. 85 % de nos élèves sont boliviens. C’est un sacré investissement. Pourquoi les parents font-ils ce choix ? Parce que l’éducation publique est une farce. 40 à 50 élèves par classe de trois tranches d’âge différentes, face à des enseignants non formés. Je sais qu’il faut changer des choses dans l’éducation nationale en France, mais j’ai l’impression que les gens ont tendance à oublier la CHANCE qu’ils ont qu’elle existe. Comme la santé. Quand nous n’aurons plus cela, nous serons dans la vraie m… S’occuper de ses enfants en France est compliqué (les deux parents doivent travailler, les bb sitting coûtent un bras…), les faire vivre dans de nombreux pays encore plus. Finalement, ce problème n’est pas si grave. L’éducation de ton petit est prise en charge jusqu’au bac, voire plus. Avec des jours sans, cela reste assez incroyable. Le choix du privé, ok, payer pour avoir un meilleur service se comprend. Quand on a les moyens. Je pense aussi qu’il faut plus de communication parents/enseignants. Mais il faut avouer qu’avec un salaire de départ de 1500 euros par mois à Paris, auquel s’ajoute le mépris permanent que subissent les enseignants, il leur est parfois difficile de trouver l’envie de s’expliquer face à des parents agressifs. Je crois qu’il faut prendre conscience que le problème du service public est bien un problème de politique et non de motivation des enseignants (il existe des exceptions, je sais) et défendre l’éducation publique c’est défendre les moyens qu’on lui donne pour être efficace (et leur répartition) et bien sûr défendre les enseignants…

  • Claire
    16 février 2016
    reply

    Je suis assez surprise , triste et en colére de lire tous ces commentaires.
    Je suis enseignante en maternelle et je vous trouve très injuste vis à vis de l école publique en général alors qu il y a visiblement un problème de communication dans votre école en particulier.
    Les enseignants ont obligation de donner un préavis de grève. Évidemment ils ne sont pas remplacés ( remplacent on les grévistes en règle général ? )
    La réforme des rythmes, les enseignants n en voulaient pas , en tout cas pas comme elle a été mise en place. Il y a eu des grèves mais les parents se sont peu voir pas mobilisés pour qu elle ne passe pas. Les enseignants se sont pris beaucoup d insultes à ce moment là .
    J ai plus souvent vu des grèves du personnel communal que du corps enseignant.
    De mon expérience, les enseignants culpabilisent énormément de garder leurs enfants malades et je demande toujours à mon compagnon de se débrouiller si mes filles sont malades.

    Je crois que l école n est pas assez valorisée , on doit souvent faire avec des bouts de ficelle, sans remplacement, sans formation continue, on est sans cesse en flux tendu et c est mauvais signe pour l avenir.
    Pourtant je crois en l école publique je me bas pour une école bienveillante qui établit un partenariat avec les familles. Je suis chaque matin heureuse d aller retrouver mes élèves de faire un bout de chemin à leur côté pour leur apprendre à s épanouir individuellement et dans le groupe.
    Je vous trouve assez injuste.

      • Claire
        18 février 2016
        reply

        Bonjour,

        Il faut dialoguer avec la maîtresse, la directrice, dire ce que vous avez sur le coeur, vos craintes et vos angoisses. Je reconnais qu’il peut être parfois difficile d’entamer un dialogue avec certains enseignants qui ne tiennent pas assez compte les angoisses des parents ( je suis moi-même maman de 2 petites filles de 2 et 4 ans, je le comprends )
        Lors de ma préparation à l’accouchement, ma sage femme ( libérale) m’avait dit  » vous avez le droit d’accoucher comme vous voulez, même à l’hôpital vous avez le droit de choisir une position physiologique, mais n’arrivez pas braquée en disant à la sage femme que vous voulez accoucher comme ça et pas autrement. C’est le meilleur moyen pour que ça se passe mal.
        Je pense que c’est un peu pareil. Les professeurs des écoles sont assez susceptibles. Il faut ouvrir le dialogue sans commencer par :  » je suis mécontente , j’ai envie de mettre mes enfants dans le privé »
        J’espère que la situation va s’apaiser. Bon courage !

  • OhFéeLit
    16 février 2016
    reply

    C’est dingue, je viens de te lire et je suis dans le même cas que toi! Première rentrée de ma fille en septembre 2015, à ce jour elle en est à son 7ème Maitre/Maitresse différents ! Entre les grèves, les absences, les maladies, les remplaçants absents… on ne savait jamais sur qui on allait tomber ou pas !!! Ce qui évidemment perturbe les enfants! En plus dans l’école ou est ma fille, ils sont toujours en plan vigipirate (humhum on est dans un petit village) du coup on n’accompagne même plus nos enfants dans l’école, ce n’est qu’a la sortie que je découvre qui a fait l’école à ma fille… Moi qui était une fervente militante de l’éducation et du système français, j’ai plein d’amis instit… on a le même constat… c’est la catastrophe dans le public !!!!

  • Claudine
    16 février 2016
    reply

    Pourquoi réduire cette somme de contre temps à l’éternel débat public-privé ? Je suis moi aussi contre la réforme des rythmes scolaires, chez nous ça a commencé avec la moyenne section de notre aîné. Alors je mets un peu du mien pour essayer d’améliorer ce qui peut l’être : élue au conseil d’école, membre d’un collectif de parents qui s’est constitué au moment de cette réforme, participation au groupe de pilotage mairie-éducation nationale-familles, que sais-je… ? Si quelque chose me noue le ventre (comme cela est votre cas) je réfléchis et attend un peu la baisse de température, puis prends le temps d’en parler avec la maîtresse, la directrice, le service enfance de la ville (quand je leur remets mon chèque cantine garderie) tout en sachant quel est exactement le rôle de chacun et où s’arrête son domaine de compétences….On peut ne pas être d’accord et écouter les arguments opposés, le dialogue finit toujours par faire germer des petites améliorations de tous côtés. Mais c’est très long et très lent bien sûr. Cela me prends beaucoup de temps et n’est pas facile à gérer (mon mari et moi travaillons à temps plein avec nos contraintes propres) mais mes enfants passent plus de temps dans leur établissement scolaire que moi à mon travail (puisque nous les déposons et les récupérons), cela mérite donc que je consacre du temps au sujet, plutôt qu’à autre chose.
    Et enfin, nous avons la chance d’être en République : les TAP et le périscolaire, c’est la Mairie, donc un choix politique d’y consacrer plus ou moins de moyens. Le démantèlement de l’école publique, ce sont les économies budgétaires, c’est aussi un choix politique. Nous pouvons choisir nos élus en fonction de la politique que nous souhaitons qu’ils appliquent, car il n’y a pas de secret : moins d’impôts, moins de charges : moins de services publics, quels qu’ils soient. Nous n’avons que la société que nous méritons (et que cette réforme m’horripile tout de même !!).

Post a Comment